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Texte écrit par Denise Grossen résidente aux Rossignols

Publiée le 28/06/2018

Dans le cadre du Festival DomusVi avec pour thème cette année : le Moyen âge
Mme Grossen nous fait partager l'un de ses textes. 
A découvrir sans plus attendre ... 

Le seigneur et le manant.

Jadis vivait en son château
Un grand seigneur avec sa dame,
Entouré de mille flambeaux
De serviteurs, de belles femmes,
De musiciens, de troubadours.
Son temps s’écoulait richement,
Chassant sur ses terres chaque jour,
Buvant, mangeant, riant, dormant,
Au-delà de toute limite
Sans jamais penser un instant
A envoyé la moindre invité
Aux paysans et aux manants
Qui retournaient sans espérance
Les champs à perte de vue
De ce maître sans indulgence.
Parfois, quand nuit était venue,
Un pauvre serf en sa cabane
Implorait Dieu avec sa femme,
De leur accorder sa pitié.
Oh ! Dieu, notre unique secours,
Pourquoi donc tant de sacrifices ?
Aurons-nous jamais de secours,
On dit que vous faites justice
Quand arrive l’heure de la mort.
La nôtre ne saurait tarder
Quand on voit notre pauvre sort,
Nos corps sont déjà tout brisés
Par tant et tant, et tant d’efforts,
Le seigneur, lui, quand partira
Sera mis dans de riches draps puis dans chapelle décorée
De présents et d’enjolivures
Tandis que, à la nuit tombée
Nous aurons humble sépulture,
En si pauvre lieu enterrés
Entre quatre planches noueuses
Ou peut-être en sac troué.
Est-il de fin plus douloureuse ?
Ainsi, pendant que l’un jouissait
De mille biens sur cette terre,
L’autre en sa fin espérait
Que dieu lui rendrait moins amère.
Avec sa femme, las de pleurer
Ils s’endormaient, le corps meurtri
Sur un grabat de foin séché,
Et ils rêvaient au paradis.
Ils se voyaient déjà là-haut
Se promener à travers le ciel
Dans un monde ou tout serait beau
Tandis que leur maitre cruel
Tenant une houe à la main
Peinerait pour l’éternité
Sur de durs et ardents chemins,
A l’heure du jugement dernier.
Ainsi ces gueux qi n’avaient rien,
Pour une foi, retrouvaient courage.
Pourtant, demain, ils savaient bien
Qu’il faudrait reprendre l’ouvrage,
Que chaque jour, de travailler,
Par tous les temps, seraient tems,
Mais qu’importerait de peiner
Puisque justice serait rendue

Denise Grossen